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En cheminant avec ce bon humain qui me parut être gai et très franc, il m’apprit toute son histoire. Il était né dans ce pays et avait été élevé pour l’église par des parens pauvres, dans l’espoir de la protection d’un homme riche, qui mourut à Dublin ; se trouvant alors sans amis, sans protections et sans argent, il rêva quelques-tems à quoi il pourrait s’employer utillement pour ses compatriotes et pour lui-même. Dans ce temps l’inoculation commençait à être mise en pratique : les effets funestes que la petite vérole occasionait souvent parmi ces montagnards, lui donnerent l’idée de se rendre près d’eux, afin de les engager à adopter cette méthode, et à l’éxercer lui-même ; s’y étant donc appliqué quelques tems dans les hopitaux, il se rendit dans les montagnes de son pays, où il éxerce avec succès ce métier depuis plus de trente ans : ce qu’il lui rapporte, ne monte gueres qu’à trente ou quarante livres Sterlings par an. On ne saurait nier que cet homme ne soit très utille à la société, et je croirais digne de l’attention du gouvernement de le récompenser de ses travaux, en lui faisant un petit traitement, pour l’encourager à les continuer.

Lorsqu’il m’eut expliqué toute son histoire, il voulut naturellement aussi connaitre la mienne : pray Sir, dit-il, what do you follow yourself ? you perceive, lui répondis-je, I follow the road — ay, me tapant sur l’épaule, you take me short. Il aurait eu de la peine à s’imaginer que c’était éffectivement là, ma seule affaire.

D’après cette petite histoire, peut-on ne pas croire faux, ces rapports qui représentent les gens du commun en