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saison était si avancée que je fus obligé de m’en passer et je me rendis à Castlebar, qui est une assez jolie petite ville ; comme je n’y demeurai que peu de temps je n’eûs que celui d’admirer la forme du clocher ; il est absolument bâtie comme une seringue et cela ne doit paraitre que peu surprenant ; l’architecte était un Apothicaire. J’avais bien lu dans l’histoire, que l’on avait fait un clocher, de la seringue de la jument de gargantua, mais je ne savais quel pays possédait ce trésor : si le voyageur veut la voir, je l’engage à venir à Castlebar. Je fus ici fort bien reçu par le doyen de Killala, qui me mit en chemin vèrs cette petite villéte, qui cependant est un évêché.

Je m’accostai dans les montagnes, avec un homme qui avait l’air d’un assez bon vivant. Il m’apprit qu’il était inoculateur de son métier et qu’il s’en allait inoculant les enfans des paysans dans ce pays sauvage ; il m’assura positivement, que sur 361 enfans qu’il avait inoculé cette année, il n’en était mort qu’un seul. Lorsque l’on saura, que quand Mr. l’Inoculateur a le malheur d’avoir un enfant qui meurt dans ses mains, non seulement il n’est point payé, mais qu’il faut encore qu’il s’échappe promptement pour éviter la bastonnade des parens affligés : on verra clairement l’attention que le pauvre diable doit avoir pour ses malades. J’ai souvent pensé que ce ne serait point une mauvaise coutume à introduire dans les villes, pour encourager les médecins, à qui la mort où la guérison de leurs malades est indifferente, car ils sont toujours sûrs d’être payés et jamais battus.