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On appelle la montagne, Croagh Patrick ; c’est un endroit très renommé par les pénitences des fidelles, qui s’y rendent de toutes parts certain jour de l’année. Ils en montent une partie à genoux où pieds nuds, je ne sais lequel : on m’a assuré qu’à la fête du saint, il s’y trouvait jusqu’à quatre où cinq mille personnes ; il y a au sommet une petite chapelle, où on dit la messe ce jour la ; on en a tiré une espece de cloche noire, pour laquelle les habitans ont une vénération particuliere, il est d’usage de les faire jurer dessus en matiere de loi et ils n’oseraient se parjurer. Ils ont je ne fais quelle idée au sujet de cette cloche et croyent que le diable s’emparerait d’eux sur le champ, s’ils osaient affirmer quelque chose qui ne serait point vrai.

Croagh Patrick est formée en cône et ressemble fort à un volcan, dont il se pourrait que le trou de St. Patrice, eut été la bouche. Le pays aux environs est couvert de ruines d’Abbayes et de fontaine sacrées : j’y ai vu particulierement, une large pierre dans laquelle il y avait deux trous assez profonds et pour laquelle, les habitans ont beaucoup de vénération, comme ayant été usé par St. Patrice, à force de se mettre à genoux dessus. Les Catholiques et les Protestans se servaient alors de la même salle pour célébrer l’office en attendant que leurs églises fussent bâties. Le Roy Jacques avait établie quelques fonderies de canons dans les vallées du voisinage, dont on voit encore les ruines : c’était pour profiter du voisinage de la mer et des bois qui s’y trouvent.

J’avais dessein d’aller faire un tour dans l’Erio, pays considérable et à-peu-prés aussi sauvage que le Conomara, mais la