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ce pays ; elles sont toutes tres profondes et leurs bords sont plus verds que le reste du pays : On y voit aussi une ou deux maisons qui semblent aisées et quelques villages.

Il me fallait souvent descendre de cheval pour éviter une fondriere : il avait assez de peine à s’en tirer tout seul pour me faire croire qu’il n’eut pu en venir à bout, s’il eut été chargé. Je rencontrais souvent des femmes, qui, tout en allant d’un endroit à l’autre, tricotaient ces bas de laine, qui seuls peuvent donner à penser à bien des gens même en Irlande que Conomara éxiste. Il m’était fort difficile de connaitre mon chemin : dans quelques endroits il n’était qu’à peine tracé et je ne voyais que fort peu de cabanes où je pus aller dire mon ca whill an sighe : je trouvai quelques hommes sur mon chemin qui en passant près de moi, me faisaient l’amitié de s’arrêter tout court, d’ôter leur chapeau et de me faire la réverence jusqu’à terre, en disant dans leur language, puissiez vous arriver sain et sauf au bout de votre voyage, God bless you Sir. Si je leur addressais la parolle, ils paraissaient très satisfaits : il y en à un, qui pour avoir le plaisir de causer avec un étranger et en Anglais, m’a suivi jusqu’à un mille, le chapeau sous le bras, et pour rien au monde ne l’aurait voulu mettre sur sa tête.

Je rencontrai, dans un des endroits où le chemin cesse, le guide du Colonel Martin qui, du sommet de la montagne où il avait pris la traverse, me voyant embarrassé fit retentir la vallée, de l’écho de sa voix. A peine était il près de moi, que mon cheval mettant le pied sur une grosse pierre ronde,