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flotter sur les eaux, parce que le goufre qui s’est trouvé sous lui ne s’étendait que jusques là.

Voici encore une autre observation assez singuliere. La submersion subite d’une terre aussi considérable, que je supposerais s’étendre d’un côté, jusqu’au Spitzleberg et de l’autre en formant un large golphe, joindre l’Irlande, les isles Açores et l’isle de Terre Neuve, doit naturéllement remuer les eaux du fond de l’abysme et les faire monter au dessus des terres qui feraient réstées sur leur fondemens ; de la, le déluge, suivant même les paroles de la Bible, qui disent que les portes de l’abyme furent ouvertes et qu’elles se fermerent ensuite.

Dans un tel bouleversement, toutes les matieres plus légeres que l’eau, flotteraient au gré du vent sur la surface, et à la retraite des eaux, s’arrêteraient et se déposeraient dans les vallées et contre le côté des montagnes opposé à celui du courant. Dans les pays chauds, ces matieres hétérogenes par le mélange de secheresse et de pluie, feraient bientôt réduites en poussierre, que le vent disperserait et unirait avec la terre, sans qu’on put guères distinguer, que celles qui d’une nature plus solide, pourraient garder leur formes premieres. Dans les pays humides au contraire, elles s’assembleraient et s’augmenteraient des plantes qui pourraient croitre dessus. Delà les morasses où bogs si fréquentes en Irlande, et que l’on trouve comme au Nord de l’Ecosse, toujours à l’Est des montagnes qui les ont arrêtés, lorsque les eaux se sont rétirées à l’Ouest, et les ont déposées sur leurs flancs de ce côté ; si leur origine était entièrement dùe à l’humidité, on les trouverait