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viendra où leur pays sortira du sein de la mer, aussi florissant qu’il l’était, avant que les vagues ne l’eussent submergé.

Ces opinions singulieres peuvent induire à faire quelque refléxions sur la situation de l’Irlande, et sur différentes productions que l’on y a trouvé, dont on ne voit aucunes traces sur le continent de l’Europe. L’Irlande semble être un vaste rocher situé au milieu de la mer. Contraire aux autres pays, dont les côtes s’élevent graduellement vers le milieu ; les côtes ici, sont, à l’ouest particulierement, toujours le point le plus élevé ; les grandes rivieres ne prennent point leur source dans l’intérieur de l’isle, mais sur la côte à quelques milles de la mer. Ainsi le Shannon s’éleve près de Sligo, la riviere Derg près de Ballyshannon, &c. &c. Tout semble annoncer qu’un vaste territoire établi sur des bases moins solides, s’en est détaché, et s’est engoufré dans le sein de la mer.

Cette idée peut paraitre ridicule, mais après la description que j’ai faite du pays près de Galway, qui serait étonné d’entendre dire un jour, que toute cette partie des Comtés de Clare et Galway a disparue tout à coup, et que là où n’a gueres, il y avait des rochers sauvages supportés sur une voute, les vagues de la mer flottent à présent. Je suis même convaincu que ce malheur lui serait sans doute arrivé il y a longtemps, sans la ceinture de hautes montagnes qui l’entoure du côté de la mer et le défend de ses attaques. Cette même chaine de montagnes aussi, dont on peut suivre la trace au fond de la mer jusqu’en Amérique, ne semble-t-elle pas