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se sont pas soumis à ces ordres barbares de leurs antagonistes, ont souvent été massacrés, ou ont eu leur maisons brulées.

J’ai vu plusieurs de ces établissemens qui semblaient être dans un état de prosperité que l’on ne pouvait gueres attendre de ce terrain. Si un propriétaire mettait tous les ans de côté, de quoi bâtir douze où quinze cabanes, et acheter autant de vaches, il lui serait aisé d’attirer beaucoup de cultivateurs. On avait bien pensé à cela, mais il faut que des offres avantageuses séduisent le laboureur, pour l’engager à venir s’établir dans un coin de terre séparé de la société, couvert de tourbes, et tellement noyé d’eau que du sommet de la montagne Leitrig où je montai, il ressemble à une mer semée de hautes montagnes et de langues de terre, tant les lacs sont communs et rapprochés les uns des autres.

Le Colonel avait commencé à bâtir une maison superbe sur les bords d’un joli petit lac au pied de cette montagne, mais lorsque les fondations ont été hors de terre, il a vu que ce serait si couteux qu’il l’a abandonné pour le présent du moins. Un palais, il est sur, aurait l’air bien extraordinaire au milieu de ces tourbes, mais je ne doute pas, qu’il n’y fit du bien en engageant à les cultiver.

Dans quelques endroits près des lacs, on voit de petits bois et quelque peu de verdure qui recrèent la vue ; il est évident qu’avec un peu de soin, il pourrait y en avoir bien davantage. Il ne faut pas croire que le peu d’habitans qui demeurent dans ce pays, soyent plus méchans, où plus pauvres qu’ailleurs, (l’observation que j’ai faite sur les pays riches et pauvres peut s’appliquer ici) ils semblent mieux