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sauvage ne laisse pas de lui rapporter dix à douze mille livres sterlings par an : il est sùr, que ce n’est qu’à peine quatre sous par acres.

Il avait, il y a quelques années, un valet de chambre français assez intelligent à qui il donna des terres à cultiver et lui bâtit même une maison ; cet homme réussit rééllement à cultiver un assez grand espace de terrain près de la maison, que l’on voit encore et qui récrée la vue au milieu de ces déserts : mais se trouvant seul et trop séparé de la société, il s’ennuya de sa situation et disparut.

Je me rendis bien vite à Ballinahinch, chez le Colonel Martin, qui, pour un homme de sa fortune, a choisi au milieu d’un pays bien sauvage, une retraite qui ne l’est pas moins ; sa maison fut bâtie par son pere pour servir d’auberge et la ville la plus près est Galway, qui est à trente cinq milles ; l’on est obligé d’y envoyer pour toutes la provisions, même pour le pain dont on manque souvent par le défaut de Barw, ou l’écume de la bierre qui sert de levain.

Il est fort singulier que dans la grande Bretagne et l’Irlande, on ne sache pas faire de pain comme on le fait en France où en Allemagne et qu’il faille toujours, qu’on envoie chercher de l’écume de bierre chez le Brasseur : dans les pays récullés, c’est presque impossible et cela force à se passer de pain. Je n’aurais jamais imagine que faire du pain fut quelque chose de si difficile. Nos bonnes femmes sur le continent le font avec la plus grande facilité. Toute l’opération consiste à laisser aigrir quelque peu de pâte fermentée