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bâti, dans l’ancien temps, un chateau tres considérable ; il fit, dit-on, une forte résistance contre les soldats de Cromwell, qui ne voulant pas perdre plus de temps après, commençaient déjà à se retirer, lorsque le pauvre Gouverneur, glorieux de cette retraite, parut à une fenêtre : on lui lâcha un coup de fusil et le chateau se rendit tout-de-suite après sa mort.

Ces pays de Conomara et d’Eyre Connaught sont presque entièrement séparés du reste de l’Irlande par deux grands lacs, Lough Carrib et Lough Mask : ils ont entre eux, près de soixante milles de long. L’intervalle montagneux qui les sépare, (qui peutêtre de trois mille) et le pont de Galway, sont les deux seuls points par où on puisse y arriver par terre. Les armées n’ont jamais pénétré dans l’intérieur du pays, qui a de tout temps été l’asyle des déserteurs et des contrebandiers : il est, même à présent, de pauvres paysans qui descendent de leurs montagnes, vont s’engager de l’autre côté des lacs et lorsqu’on les a vêtu et payés, un beau matin ils repassent l’eau et l’on n’entend plus parler d’eux.

Lough Carib a neuf à dix milles de large ; il y a un bateau public vis-à vis d’une petite ville appellée Conne ; on y voit une caverne profonde dans laquelle les eaux du lac s’engloutissent en partie. Le seul commerce qui y fasse quelques fois paraitre des bateaux, semblera bien frivole, c’est celui de la tourbe, qui souvent sert à couvrir des barriques d’eau de vie, ou de vins de France, que les Bateliers tirent du Conomara, où jamais commis de la Douane n’osa approcher.

Bien des Pairs Irlandais prennent leur titre de ces grandes pieces d’eau, aussi bien que des rivieres ; ainsi, l’on m’a dit,