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sans peine que le propriétaire empêche les paysans de couper les arbres pour leur usage.

La nudité des pauvres près de Galway est choquante : n’y aurait il donc aucuns moyens d’ouvrir des branches à l’industrie et de leur procurer une éxistence moins pénible ? leurs huttes n’ont pas l’air d’être faites pour des hommes, et cependant on en voit sortir des troupes d’enfans bien portans et frais comme la rose. On peut les voir d’autant mieux, qu’ils sont souvent nuds comme la main et jouent quelques fois devant la cabane sans autre habits que ceux de la nature.

Ces pauvres gens cependant, réduits à un tel état de misere, que l’homme qui a connu une autre situation ne saurait concévoir, sont humains, bons, patiens et quoique l’avarice puisse suggérer, seraient industrieux et laborieux s’ils pouvaient croire que le travail put améliorer leur sort. Ils ne vivent que de pommes de terre et ils ont pour cette racine (qui leur tient lieu de tout,} un respect singulier : ils lui attribuent tout ce qui leur arrive. Je demandai un jour à un pauvre paysan qui avait une douzaine de jolis enfans, " comment tous vos compatriotes peuvent ils avoir, un si grand nombre d’enfans et surtout si bien portans ? " it is the potatoe Sir, et toujours la (prate) pomme de terre.

On rencontre souvent des ecolles nombreuses sous des hayes, toujours par la même raison que j’ai déjà indiqué : c’est une erreur de croire le paysan de ce pays si ignorant, où si stupide ; la misere le stupéfie il est vrai, et le rend indifférent à tout, mais je le declare, c’est l’espéce d’homme de ce genre, parmi laquelle j’ai vu plus de disposition à faire