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la vertu de guérir les cors ... c’est charmant de voyager en Irlande ; j’espere que quand ma promenade sera finie ; je serai guéri de tous maux. Les bords du lac, étaient il y a peu de tems, couverts de bois dans cette partie ; on finissait de les abbattre alors ; à présent tout ce pays est nud et bien aride.

Près de Woodfort, il commence à s’embellir, et est assez joli prés d’un village qu’on appelle Abby, sur les confins des provinces de Munster et de Connaught. Il y avait là, une Abbaye très considérable et dont l’Eglise était dédiée à la Vierge. C’était un jour de fête, et il y avait beaucoup de monde : cette ruine est une des seules dont les habitans ayent eu le bon esprit de tirer parti, pour s’éviter la peine de bâtir une nouvelle église. Les Catholiques ont, dans ces derniers tems, obtenus la permission de faire usage de deux des chapelles latérales, dont la voute tenait encore ; on ne peut guères se faire une idée de la misere de ces chapelles et des pauvres gens qui les fréquentent. Il y avait alors dans le cimetierre, deux où trois prêtres occuppés à confesser : ils étaient assis sur une pierre, et avaient dans la main un petit drapeau, qui servait à séparer le pénitent de la foule : quand son affaire était finie, il était remplacé, par un autre. Le prêtre, à ce qu’on m’a plusieurs fois assuré, reçoit quelque chose pour sa peine, dont le tariffe est fixé : c’est, m’a-t-on encore dit, leur principal revenu. Au bout du compte il faut bien qu’ils vivent, ce n’est que sur les petits droits qu’ils perçoivent sur les fidéles, que leur cuisine est fondée. J’en ai cependant vu, à ma grande surprise, qui n’étaient point