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sont très petites et s’il était à rebâtir, je crois qu’on pourrait n’en faire que neuf à dix modernes. Je me rendis chez le Ministre de la paroisse, qui a une maison superbe à quelque distance de la ville, sur une hauteur qui domine Lough Derg ; on a de là, le point de vue le plus magnifique de cette vaste pièce d’eau, dont les bords sont presque partout très élevés et cultivés avec soin. Il y a une baye de sept à huit milles de long, qu’on ne peut appercevoir qu’en montant au sommet d’une assez haute montagne dans le voisinage ; l’on découvre, de cette hauteur, le Shannon serpentant dans la plaine jusqu’à Limérick, et l’endroit où il se jette dans le lac près de Portumna, aussi bien que les petites villes qui sont sur ses bords, dont la principale est Ninagh, et l’on distingue encore, le chemin qui conduit aux mines d’argent que l’on travaille à sept milles de Killaloe.

On est faché de ne voir nulle part aucune apparence d’industrie : il n’y a point de Manufacture : après le labourage il n’y a plus rien à attendre ; mais patience, il faut un certain temps à une nation pour sortir d’une stupeur de sept cents ans ; il n’y en a que quatorze, qu’elle commence à donner l’essor à son génie ; déjà l’on a pensé à surmonter les difficultés immenses qui se présentaient pour rendre le Shannon navigable ; on y a en partie réussi dans bien des endroits par le moyen de canaux de communications : il doit l’être à présent depuis la mer, jusqu’à l’endroit ou il est joint par le grand Canal d’Irlande à une trentaine de mille, plus haut que Portumna. Le grand Canal s’achéve lui-même tout doucement, et sera certainement fini dans quelques