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isle, un animal qui devait s’y croire emprisonné ; il ne parait pas qu’il éxiste dans aucune autre partie du monde que le Nord de l’Amérique et à ce qui semble, en tres petit nombre et d’une espèce plus petite que celle dont on a trouvé les os en Irlande.

Ma qualité de voyageur me permet de faire des rêveries et celle d’ecrivain de voyages me met en quelque façon en droit d’en faire part au public. Lorsque je me serai promené quelques centaines de milles de plus, je serai arrivé à un endroit, d’où je pourrai me permettre d’établir de belles conjectures sur les traditions singulieres du pays. A présent, il vaut mieux me taire la dessus.

Je revins à O’Bryan Bridge et après m’y être plongé dans le Shannon pour me le rendre propice ; je remontai la riviere avec Mr. Waller, dans une petite nacelle à laquelle mon parapluie servait de voile. La riviere était charmante, tres calme et paraissait assez profonde, mais bientôt nous trouvames une chûte d’eau et fumes obligés de venir à terre : on creusait un canal d’une centaine de pieds de long, pour joindre les deux parties de la riviere qui sont navigables : retournant dans le bateau nous voyageames une dixaine de milles et fumes encore obligés de descendre et même de laisser la le bateau ; on fait dans cet endroit, un canal qui peut avoir un mille de long et vient se terminer près du beau palais de l’Evêque de Killaloe : la chûte d’eau est ici très considérable et dans un espace de cinquante pieds, elle tombe de près de quatorze à quinze, au milieu de grosse pierres rondes ; ce sont ces obstruction dans les rivieres qui forment les lacs ; celle-cy forme près de Killaloe un lac immense de trente