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sous-fermiers, n’ont pas payés, et on a été obligés d’avoir recours à l’ancienne méthode. Je ne suis pas grand cultivateur, mais je croirais qu’avec une volonté décidée, on pourrait trouver un moyen d’arranger cela, sans courir les dangers des deux extrêmes.

Plusieurs personnes près de Castle Connell, (entre-autres le Lord Chancellier et Mr. Bruce) en multipliant les travaux, ont augmenté le prix des journées : il n’est pas d’argent mieux employé pour un homme riche, qui veut faire le bien de son pays. J’ai souvent entendu reprocher la paresse et l’ivrognerie au paysan ; mais, lorsqu’on en est réduit à mourir de faim, n’est il pas préférable de ne rien faire, puisque le travail le plus assidu ne saurait en empêcher ? dans cette situation aussi, n’est il pas fort simple de boire, quand on le peut, une goutte du fleuve Léthé pour oublier sa misere ? Si le pauvre voyait clairement que le travail pourrait améliorer sa situation, il abandonnerait bien vite cette apathie et cette indifférence, qui au fait, n’est que l’habitude du déséspoir.

Mr. Bruce a bâti à ses frais un grand nombre de maisons assez propres pour les paysans, et ces bonnes gens que l’on accuse avec tant d’injustice de défauts qui ne leur appartiennent pas, en sont tres reconnaissants ; quand il a besoin de quelques ouvriers il en trouve toujours, dans le temps même que ces voisins en manquent ; on m’a assuré de plus, que ses journaliers ne veulent pas prendre de lui, le prix qu’ils reçoivent des autres.

Les habitans de Castle-Connell s’étaient cottisés pour