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une langue de terre assez peu fréquentée, mais où par le moyen de go whil an slee ac on se tirait d’affaire, j’arrivai enfin prés de Kerry Head à l’embouchure du Shannon.

Cette riviere est la plus considérable d’Irlande : les habitans ont pour elle, une vénération singuliere dont elle semble digne : on n’est jamais réputé bien Irlandais, qu’apres y avoir été plongé, et comme j’ai fort à cœur d’être toujours du pays dans lequel je me trouve, ce fut ma premiere opération. Elle a sept à huit milles de large à son embouchure. Les côtes sont bordées de rochers élevés et de caves profondes, dans lesquelles les vagues viennent se briser avec une fureur étonnante. On voit à quelque distance sur un rocher presqu’entièrement isolé, des restes de fortifications et même dans l’intérieur, les traces d’une petite ville ; on distingue les rues et les fondations des maisons : par leur formes étroites elles ne semblent pas avoir été plus larges que les cabanes ordinaires, quoique l’enceinte fortifiée, soit très considérable.

Suivant la côte, je passai le Cushin qui se jette dans le Shannon ; il prend sa source au pied d’un tertre, de l’autre côté duquel la Black Water coule et se jette dans le canal St. George à Youghall. Il n’y a point de pays au monde aussi bien situé pour le commerce et il n’y en a point non plus, où, avec un peu d’industrie, on put rendre les communications de l’intérieur plus aisées.

Lorsque le Canal Royal sera fini et que l’on aura ainsi joint le Liffey avec le Shannon, je crois que ce ferait un objet