Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enfin par se précipiter dans le lac, où les bateaux et les chiens le suivent et le forcent à débusquer des isles où il aborde.

Des compagnies nombreuses se rendent de toutes parts en Irlande, pour voir ce beau lieu, mais elles n’y séjournent que le temps nécéssaire pour voir le lac. On devrait tâcher de les fixer dans le pays par quelques amusemens, ou par des Eaux minérales ; ces dernieres surtout, en augmenteraient beaucoup la richesse et je ne crois pas que l’on put trouver d’endroits plus convenables pour rétablir une santé délabrée. Il y a une fontaine excéllente d’eau minérale dans le parc de Lord Kinmare : malheureusement, il n’a pas encore pris la fantaisie aux disciples d’Hipocrate, d’en vanter les bonnes qualités : cela viendra avec le temps. La ville est assez jolie, elle parait être nouvelle et est bâtie à-peu-près dans la forme d’un T.

Me promenant un matin d’assez bonne heure j’entendis des gémissemens épouvantables venir d’une maison. Conduit par un instinct naturel et par la curiosié, j’entrai et me trouvai dans une chambre au milieu d’une cinquantaine de femmes, qui criaient et pleuraient à chaudes larmes sur une bierre découverte, où l’on voyait la figure pâle d’un vieillard, mort depuis deux jours. Il y en avait surtout quatre, qui se lamentaient plus haut que les autres, tiraient leurs cheveux et embrassaient souvent le pauvre mort. Je remarquai qu’au-bout d’un quart d’heure, lorsqu’elles se trouverent fatiguées, elles passerent dans une chambre voisine, et furent remplacées par quatre autres, qui commençerent bientôt elles-