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peu moins sauvages cependant, que celles que je venais de passer ; lorsqu’on est le plus oppréssé de cette continuité désespérante de pays sauvage au milieu des montagnes arides, en sortant d’un passage étroit au pied de Mangerton, on découvre tout à coup le Lac charmant de Killarney : l’impréssion, que me fit la vue ravissante de ses nombreuses isles et de ses bords cultivés, ne peut gueres être comparée, qu’à la sensation dont jouit un malheureux qui quitte sa prison et revoit enfin la lumiere du jour ; je poursuivis ma route tres lentement, ne sachant trop quel objet admirer le plus, des hautes montagnes couvertes de bois, de la belle piece d’eau qu’elles ombragent, des isles, de la péninsule qui la sépare en deux, où du beau pays qui la joint au nord.

Je fus enfin me présenter chez Lord Kinmare, et passai huit jours tres agréables dans sa maison, pendant lesquels je fus de plusieurs parties sur le lac : je crois pouvoir détailler quelques unes des beautés, que l’homme le plus indifferent ne saurait s’empêcher d’admirer.

On se rend communément à deux milles de Killarney, a l’isle de Ross qui est la plus grande du lac et n’est séparée du rivage, que par un ruisseau assez étroit, sur lequel il ya un pont. On voit dans cette isle le chateau du Prince O’Donoghue, à qui ce pays appartenait dans l’ancien tems et que les habitans croyent encore voir se promener à cheval sur les eaux, un certain jour de l’année.

Suivant la côte de l’est, on voit d’abord la presqu’isle de Muccruss, qui est un des plus beaux lieux que j’aye vu par le