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suis approché, j’en ai fait le tour et je suis même monté dessus avec assez de peine ; on-y avait bâti autrefois une petite tour, dont on voit encore les ruines. Il est couvert de plantes de toutes espèces, de petits arboisiers, de houx, d’ifs &c. pendant que la tourbe qui l’avoisine, ne produit que de la bruyere.

Les habitans du pays prétendent que c’est un certain géant, dont j’ai oublié le nom, qui s’est amusé à porter ce bloc de pierre à chaux, au milieu du granit, et un pareil bloc de granit au milieu de la pierre à chaux de l’autre coté de la riviere où il y a effectivement un bloc pareil : c’est un passe tems allez original . . . On ne saurait expliquer ce phénomène que par une convulsion de la terre ! mais quelle explosion, que celle qui serait capable de lancer à cinq où six milles une pierre pésant plus d’un million de livres.

La large baye, que l’on appelle riviere Kenmare, a de cet endroit un coup d’œil imposant ; deux péninsules se rapprochent dans le milieu et forment ainsi un asyle sùr pour les vaisseaux : il n’est pas de pays au monde si bien pourvu de bayes profondes et sùres que le sud de l’Irlande ; cela m’a fait penser, à l’attention singuliere que l’on avait pour les républicains, de leur procurer un renfort et des guides dans le pays aussitôt après leur débarquement, en plaçant deux cents officiers, prisoniers sur parole à Dunmanaway et quinze à dixhuit cents soldats où Matelots, à Kinsale.

A peine a-t-on quitté le misérable village de Kenmare que l’on se retrouve encore dans des montagnes, un