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Mr. Cox ; il est peu d’homme qui ait plus fait pour l’amélioration de son pays et c’était bien nécéssaire dans ce coin recullé, qui avait toujours été négligé. Il encourage dans sa ville les manufactures de toute espece, en donnant aux ouvriers de longs baux, à un prix tres modéré et leur fournissant les moyens de se défaire de leur ouvrage ; il desseche les morasses, cultive les terres et plante des bois ; il a aussi presqu’entierement rebâti la petite ville : il n’est pas le moindre doute que ces différentes choses finiront par être tres profitables ; pourquoi donc si peu de propriétaires n’entendent ils pas assez leurs intérêts pour placer leur argent de cette maniere ? les manufactures de callico, une espece de toile, de coton sont les plus nombreuses. On y fabrique aussi quelques toiles, et en dépit de Mr. Arthur Young, je suis loin de croire, qu’autant vaudrait introduire la peste dans le sud de l’Irlande que la culture du Lin.

Il y avait alors dans cette petite ville deux cents officiers républicains, prisonniers sur parolle ; je fus bien aise d’avoir cette occasion de connaitre quelle espèce d’hommes ils pouvaient être. Je dinai chez Mr. Cox avec deux eu trois, qui étaient assez polis. J’apperçus avec un sensible plaisir que cet enthousiasme farouche, qui distinguait les partizans de la révolution à son commencement, ne les possedait plus. Un rapprochement heureux d’opinions me sembla éxister : ils me parurent soutenir le gouvernement éxistant, parce que premièrement il faut vivre et que de plus quelques uns y avaient été obligés : j’en crus voir qui le méprisaient, j’entendis même ces propres mots, " vaut mieux un que sept cents, c’est trop de bouches à remplir. "