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Ce pille-lu ou hu lu lu, semble avoir quelque rapport à l’ullulatus des Romains et autres cris funebres de plusieurs anciennes nations ; la maniere dont on le prononce, m’a aussi donné l’idée, qu’il pouvait bien être une représentation du de profundis, que les prêtres chantent dans les pays catholiques, en conduisant un mort en terre, cérémonie, dont le peuple d’Irlande est privée, et dont peutêtre il se rappelle. Je n’imagine pas, qu’il fut possible au milieu des cérémonies funèbres de la religion catholique de pousser de tels hurlemens, sans déranger la pompe et empêcher les prêtres de faire leur besogne.

Je passai auprès d’un de ces forts ronds, qui sont si communs en Irlande et que l’on attribue communément aux Danois. Je pense que les Danois en ont fait quelques uns, mais que le grand nombre était simplement la demeure de quelques chefs où roys du pays On appelle celui-cy, gragan re, qui veut dire (je crois) le palais du roy (re, pour le roy, est encore Italien.) Les habitans les appellent RathLiss ; je ne suis pas assez versé dans la langue du pays pour en savoir la différence, qui je crois, ne vient que de leur position : ainsi l’on peut être sùr que toutes les villes, dont les noms commencent par Rath où Lifs, comme Rathdrum où Lissmore, avaient de telles fortifications, où pour mieux dire, que la ville a commencée dans leur enceinte. Ces forts sont, tous construits sur le même plan, parfaitement ronds avec un double fossé et dans tous ceux qui sont un peu considérables, on a trouvé, lorsqu’on s’est donné la peine de le chercher, un souterrain haut de quatre, à cinq pieds, dont le sommet est supporté par de longues pierres plates qui le traversent.