Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’argent pour vous offrir un verre de whisky." Je trouvai cette maniere de demander assez originale et je lui répondis que cela ne devait pas l’affliger parce que je serais bien aise de le régaler moi-même.

Lors qu’il eut pris avec moi une petite goutte de la créature (c’est le nom aimable que l’on donne au whisky) " pour tâcher de vous témoigner ma reconnaissance, me dit il, je vais vous montrer une eau qui guérit de tous les maux. " Il me mena dans le Cimetierre et me montra un vase de pierre attaché à une tombe. " Ce vase, dit il, est toujours plein d’eau et personne n’en a jamais mis ; l’eau est bonne dans presque toutes les maladies. Je suis cependant venu de Bandon, il y a trois semaines, pour en chercher une bouteille pour ma mere qui est hidropique et elle ne s’en porte pas beaucoup mieux.", " Ne voyez vous pas d’où cela vient, " lui dis-je " l’eau est sale et le bénitier est plein d’ordure, nettoyons le et l’eau sera bonne après. " En conséquence nous primes une poignée d’herbes et nous fimes si bien, que nous ôtames toute l’eau. Mon homme était fort surpris, de ne plus en voir dans le vase ; il prétendit que c’était le signe de quelque grand malheur, " décampons bien vite, ajouta-t-il, car si les habitans s’appercevaient de ce que nous avons fait, ils pourraient fort bien nous assommer."

Les huttes des pauvres dans cette partie font vraiment pitié : ils établissent souvent deux morceaux de bois en travèrs sur le coin d’un fossé, bâtissent le troisieme côté de terre, et couvrent cette espèce de toit avec des tourbes ; cela rend très vraisemblable les histoires qu’on fait souvent, d’un