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finira par vous boxer. Il y en a un qui court les rues au grand gallop avec un bonnet rouge et entre dans les boutiques à cheval, quand il a besoin de quelque chose ; J’ai vu un joueur de cornemuse, qui aima mieux être deshérité de près de deux mille livres sterlings de rente, que de quitter sa musette, qui est à présent son seul gagne-pain. Il y a un homme qui croit que toute la terre veut l’empoisonner ; aussitôt qu’il voit quelqu’un entrer chez un boulanger, il le suit et saute avec avidité sur le pain qu’il a acheté, parce qu’il est sur dit-il, que les boulangers n’en veulent qu’a lui : il fait de même à la boucherie, &c. Un autre s’est fait la nourice de ses enfans, il les peigne, les frotte et les torche lui-même. Je pourrais bien citer d’autres de ces caracteres, mais c’est assez.

Il n’y a point de loge pour les fous à Cork : c’est un spectacle hideux de les voir courir les rues : la plupart, il est vrai, sont très tranquilles, mais c’est si cruel et si humiliant de voir la nature humaine dégradée à ce point, qu’on devrait penser à les séparer de la société.

Au surplus la ville de Cork a fait dans ces derniers temps des progrès immenses dans le commerce, l’augmentation de» maisons et des habitans, et en quelque point dans leur amélioration ; la ville est située sur differentes petites isles marécageuses au milieu de la riviere ; c’est de cette situation qu’elle a tiré son nom, (car Cork signifie bourbeux en Irlandais, et elle est passablement bien nommée.)* Les canaux