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l’isle de Foaty, Mr. Smith Barry, il a beaucoup voyagé, est très honnête, parait très instruit et est d’un caractere aisé ; il eut été heureux, s’il n’avait eu que cinq cent livres de rente, au lieu de vingt cinq mille ; mais ses richesses l’ont tellement rassasié et dégouté du monde, qu’il s’en est presque totalement retiré et mène une vie assez mélancolique dans son isle, qui n’est pas celle de Calypso. Passant dans la petite isle de Cove, je fus me présenter chez Mr. Silver Oliver, il donne l’hospitalité depuis très longtemps à un vieil officier Français émigré, qui est traité dans sa maison, avec beaucoup d’égards. Mr. Oliver prétend qu’il a rempli toutes les fonctions que la société peut éxiger d’un homme, il a été deux où trois fois membre du Parlement il a été conseiller privé, il a été marié, il a plusieurs enfants, &c. &c. par conséquent, il se dit en droit de suivre ses fantaisies, et ses fantaisies sont souvent assez originales.

Je retournai à Cork par la riviere et j’eùs lieu d’observer que les Bateliers ont à peuprès le même ton goguenard que ceux des grandes rivieres de France. Force me fut de rentrer dans cette ville baillante ; le peuple cependant semblait animé et des bandes d’ouvriers couraient les rues en criant ; Je m’informai de ce que ce pouvait être, et l’on me dit que les garçons cordonniers avaient d’un commun accord, tous quitté leur maitre ce jour la et qu’ils couraient les rues afin de les forcer à augmenter leurs gages. Je les suivis et les vis plusieurs fois s’arrêter à la maison de quelques maitres cordonniers et avoir de chaudes altercations avec eux ; les magistrats à la fin cependant, crurent devoir faire cèsser