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et le fit à son insu se trouver dans la compagnie de ce Tunisien, puis lui fit connaitre qui il était : à sa tres grande surprise, il le vit bientôt converser avec le géneral dans la langue de son pays et l’entendre sans beaucoup de peine. Cet homme avait une vieille servante avec lui, qui était Shiloe elle-même. Elle conversait sans la moindre peine avec les Irlandais et se faisait entendre aisément, quoique son accent et la maniere de s’exprimer ne fussent pas les mêmes.

Le general Vallancey a parcouru l’Irlande pendant quinze ans et a levé des cartes en grand de tous les différens Comtés : le gouvernement enfin, pour prix de ses travaux, lui a donné le poste qu’il occuppe de commandant du port de Cove, qu’il a tellement fortifié, qu’il n’y a pas de danger que jamais vaisseau ennemi se hazarde d’y entrer .... On ne saurait nier que ce ne soit un homme utile à l’état et dans plus d’un genre, car il a eu douze enfants de sa premiere femme, dix de la seconde et vingt-un de la troisieme. — Il est peu de gens qui ayent fait autant de besogne.

Je présentai aussi mes respects à Lady Colthurst une veuve très aimable et beaucoup trop jolie pour l’être longtemps. Le général à qui je montrai les lettres que j’avais avec moi, dirigea ma course vers le Nord, au lieu de retourner sur le champ à Cork.

Je traversai la grande isle de Cove dans sa longueur : fatigué, je m’arrêtai dans un cimetiere et m’amusai à lire les épitaphes. J’avais souvent entendu parler d’Irish Bulls et je n’avais jusqu’à présent pu en trouver un ; ici, sur une Tombe, après tous les noms de la famille, je lus avec plaisir,