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de l’escalier, au milieu de cette bagarre, renverser presque tout le monde, et elle même se casser un bras.

Le marché de viande est le seul qui soit comme il doive être ; il est nouveau, et l’on doit espérer que les magistrats, penseront à la fin aux autres lieux fréquentés du public.

Quoique le peuple soit très pauvre, rien ne pourrait engager les mères à mettre leurs enfants à l’hopital ; elles craignent que l’on ne les envoyent au loin pour les détacher d’elles : cela est rééllement arrivé autrefois, mais l’on a adopte à présent un système moins cruel. Elles ne veulent pas non plus, que leurs enfans soient élevés dans la religion protestante que l’on professe dans ces établissements.

On voit souvent de ces pauvres malheureuses chargées de deux enfans sur leur dos, un autre dans leur tablier, et un quatrieme à la main, demander la froide charité du passant, qui est tellement accoutumé à ces objets déchirans, que le plus souvent il détourne la vue. Cependant la bonne femme, fume avec indifférence une pipe noire et si courte qu’elle semble avoir le feu dans la bouche.

Les gens riches accusent le pauvre de se plaire dans la saleté, d’aimer à avoir la galle, à dormir avec leur bestiaux. &c. &c. Ils ne l’aiment pas plus qu’eux ... la nécessité, la cruelle nécessité les y obligent ... leur misere est telle que tout leur devient indifférent : qu’on leur fournisse les moyens d’en sortir, qu’on leur donne le gout des aisances de la vie, et l’on verra quelle espèce d’hommes, on accuse de paresse, d’indolence, et de gouts, que les animaux le, plus vils n’ont pas.

Le paysan est parésseux ici, mais à quoi lui servirait d’être