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à peine fait deux cent pas, que j’entendis une des filles crier et courir après moi. Elle me rapportait l’argent que j’avais laissé sur la table, en me disant que sa mere était quite affronted. J’en fuis faché lui dis-je, ce n’était pas mon intention : je lui fuis bien obligé, mais j’éspere que vous me ferez le plaisir de l’accepter vous même, cela servira à vous acheter un ruban : elle fit une petite grimace, suivie d’une révérence et le mit dans sa poche, en me souhaitant un bon voyage.

Après bien des circuits et des détours en suivant le chemin que les propriétaires ont fait tourner autour de leur champ, j’arrivai enfin à travèrs ce pauvre pays, à Kill Mac Thomas, qui est un assez gros bourg, où je dinai et pus m’appercevoir que j’étais sorti de la cabane assez bien fourni de compagnons allez déplaisants ; il n’y avait pas de remede alors : je fis un effort et complettant mes 22 milles irlandais dans la journée, j’arrivai le soir bien fatigué à Dungarvan, où la premiere chose que je fis, fut d’aller noyer dans la mer, les bons amis de Curraghmore qui s’étaient attachés à ma personne et ayant dormi jusqu’a midi le lendemain, mes forces se trouverent rétablies et avec elles mon humeur ordinaire.

Dungarvan, est une petite ville assez bien située, sur une large baye qui malheureusement s’est remplie de sable. Elle ne sert gueres que comme un endroit de rassemblement pour les baigneurs dans la mer. Cette ville est fameuse pour un point de vue singulier, que les habitans admirent tellement qu’ils en ont fait une toast, où santé sous le nom de Dungarvan’s prospect.