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propos, de suspendre l’ouverture des états généraux jusqu’au 4 de May. Dans ce court espace, les partis eurent le tems de se rallier sous leur différents chefs, et furent bientôt distingués par les dénominations, d’aristocrates, de modérés, et de démocrates.

Le premier, était composé des royalistes, qui voulaient conserver l’ancienne constitution du royaume, sans aucune altération dans ses principes, quoique désirant la réforme des abus.

Le second, ne voulait point continuer la distinction des trois ordres, et s’était mis dans la tête, des idées alambiquées d’un gouvernement parfait, beaucoup plus propre à une nation d’anges, qu’à une d’hommes, assez grand pécheurs.

Il faut pourtant avouer, que Messrs. les modérés croyaient voir le bien public, dans leur rêveries philosophiques.

Le dernier, dirigé par Mirabeau, que son ordre avait rejetté avec mepris *, comprenait les ésprits les plus violens, et les plus turbulens du tiers et quelques membres pourris de la noblesse et du clergé ; il masquait l’ambition, l’orgueil, l’intérêt et la jalousie qui le dominait, sous les mots trop souvent abusés, d’amour de la patrie, d’égalité, de justice, et de soulagement du peuple. Comme quand il eut enfin détruit


Mirabeau, après s’être déshonoré par ses vices et la turpitude de sa vie, se présenta à Aix en Provence, pour être élu par l’ordre de la noblesse, dont il était membre ; malgré ses grands talens, sa conduite le fit refuser tout d’une voix, et même renvoyer de l’assemblée ; anime alors par la vengeance et le désir de paraitre, qui était son premier mobile il fit la cour aux ésprits inquiets et turbulens du tiers, déclara qu’il n’était point gentilhomme, se munit d’une petite boutique sur la grande place d’Aix et se fit voir au comptoir vendant différentes choses .... il fut élu membre du tiers.