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qui ayant apperçu, ce qui s’était passé, s’empara de l’officier, et le plaçant sur ses épaulles, le promena ainsi en procéssion, tout autour de la ville, en chantant et en dansant.

Peutêtre aussi cet officier, n’avait point reçu ordre de se défendre, car c’est ainsi qu’on a traité le militaire un an avant et après la révolution, l’envoyant sur les places publiques, recevoir les pierres et les outrages de la populace, sans avoir la liberté d’user de la force ; tandis que de l’autre côté, les mutins offraient aux soldats s’ils voulaient les joindre, de l’argent, du vin, des femmes, la sureté de l’impunité, promesse d’avancement, l’égalité, la liberté, le pillage, &c. &c. &c. que pouvaient faire les officiers dans cette position embarrassante, n’étant point soutenus par le gouvernement et responsables de tout ce qui pourrait arriver ..... rien du tout ..... aussi tout a-t-il été à tous les diables, et je mets en fait qu’une armée d’anges ne se serait pas beaucoup mieux conduite.

Qui pourrait imaginer que cet oficier, non seulement ne fut pas reprimandé, pour avoir laissé forcer son poste, mais que même son panégirique fut publié dans les gazettes avec la copie de la lettre flatteuse, que le ministre lui ecrivit à ce sujet, en lui envoyant la croix de St. Louis, le grade de capitaine et une pension.

Tous les papiers éleverent son courage, même au dessus de celui des Romains, car disait on, le leur consistait à repousser les outrages et les coups par la force, et le sien beaucoup plus difficile avait été de les souffrir tranquillement sans crainte ni émotion : il est sûr qu’il y avait quelque