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par dégrès, à se moquer des autorités, à ne connaitre d’autre loix et d’autre frein que sa volonté, et à ne plus voir que dans lui même, le moyen de redrésser les injustices réélles ou imaginaires, qu’on lui avait faite et d’empêcher qu’on ne lui en fit de nouvelles.

La cour elle même, saisie par l’esprit philanthropique du jour, semblait dans quelques circonstances, donner des marques d’approbation à la résistance qui lui était opposé. Elle donna même des récompenses à des officiers, pour n’avoir pas fait leur devoir et n’avoir pas éxécuté ses ordres. Il y en eut un exemple bien singulier à Rennes, où le parlement de Bretagne, s’assembla malgré les ordres du roi, et declara coupables de trahison, tous ceux qui prendraient des emplois dans la nouvelle administration. Un officier qui avait été envoyé sur la place à la tête d’un poste, pour dissiper la foule, se laissa entourer par elle et même accabler de pierre et d’injure sans faire la moindre résistance, quoiqu’il ne semble pas, que les troupes montrassent dans cette occasion, beaucoup de répugnance à faire leur devoir.

Après que son poste eut été insulté, que plusieurs de ses soldats eussent été bléssés par les pierres de la populace, il en reçut une lui même qui le culbuttat. A la vue du sang, et de l’insulte faite à leur officier, les soldats indignés se préparaient à repousser la force par la force, (ce qui au fait semblait fort raisonnable) lorsque l’officier s’appercevant de leur mouvement, se releva et saisissant leurs armes, leur ordonna de respecter leur compatriotes, dont la colere, dit il, était juste.

La garde se désista, et laissa forcer ses rangs par le peuple