Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eut forméllement invité a le faire et le suplia de rendre la liberté au premier prince du sang, et aux deux magistrats.

Le roy répondit, que puisqu’il avait éloigné un prince du sang de sa présence, le parlement devait supposer qu’il avait de bonnes raisons, et qu’il avait puni deux magistrats, parce qu’il en était mécontent.

Cette réponse courte et positive, loin d’intimider le parlement, lui fit faire une addresse vigoureuse deux jours après, où le même sujet était traité avec la plus grande force : il continua ses reclamations, jusqu’a ce qu’il eut enfin obtenu que la prison des magistrats serait changée en exil. La Cour cependant n’y consentit qu’après l’enregistrement d’un emprunt partiel.

Ce serait perdre le tems, que d’entrer dans un grand détail des prétensions de la cour, et de la résistance opiniatre du parlement ; je me contenterai seulement de remarquer, que la cour prétendait avoir le droit, de faire et de corriger les loix : Qu’après avoir entendu les représentations des magistrats, ils n’avaient pas le droit de se refuser à les enrégistrer, si elle pèrsistait dans son avis.

Le parlement était bien loin de reconnaitre ces prétensions dérogatoires de ses priviléges, et avait pour lui, la voix du public qui était vivement intéréssé dans la dispute, et attendait avec grande impatience de quelle maniere elle se terminerait. Il reprochait avec beaucoup de chaleur aux ministres, les abus choquans d’autorité, qui avaient été commis depuis quelque tems, l’usage scandaleux des lettres de cachet, qui n’étaient que trop souvent employés pour satisfaire