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(comme on les appellait alors) on peut aussi se rappeller avec douleur, la faiblesse cruelle, et vraiment surprenante par son excès, avec laquelle, le Roy retracta trois jours après, tout ce qu’il avait dit et de la hardiesse qu’elle inspira aux factieux : quant à la revolution dont elle peut fixer l’époque, quoique le soulévement général et la prise de la Bastille n’eussent lieu, que trois semaines après, on serait trop heureux de pouvoir l’oublier. Les excès qui l’ont accompagné, seront longtemps presents la memoire des hommes et l’horreur qu’ils inspirent, fait plus de tort la cause de la vraie liberté, que n’auraient pu faire mille Nerons, où Caligulas.

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Caisse d’Escompte.


J’ai négligé de parler de l’ordre que la cour donna en 1788 à la caisse d’escompte, d’arrêter ses paymens : parceque, (quoiqu’on ait cherché dans ces derniers temps, à lui donner de l’importance en Angleterre,) en l’assimilant avec une mesure récente du gouvernement. Elle n’en n’eut que fort peu en France : les billets de caisse n’avaient cours qu’à Paris, où même ils n’étaient pas tres communs, et on ne les connaissait pas du tout dans les provinces, où l’argent monayé avait seul cours. Il est sùr, que cet ordre a fait quelque torts, aux banquiers et aux agioteurs riches et tres riches de Parie : mais ces sang-sues politiques, qui avaient souvent prêté leur argent au gouvernement, à un intérêt plusqu’usuraire ne méritaient ils pas certaine correction. Plut-à Dieu qu’on ne les eut pas tant ménagé : c’en à eux en grande partie que les propriétaires de terre, qui ne savaient point calculer sur les maux de l’état, et que toutes les classes de la société doivent leur ruine.