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" Quoi ! l’on a consenti pour avoir quelques soldats de plus, à sacrifier une grande partie des propriétaires de la France, on a pu les voir avec insouciance se vouant à la loyauté de deux souverains, se séparer de tout ce qui leur était chèr, sans avoir la certitude de les en dédommager * : en les associant aux desseins que l’on nourrissait en secret, ce n’était plus à la restauration seule de leur roy que l’on les destinait. En faisant, ce que la politique et l’éxemple de tous les peuples autorise, le plan de gagner à cette campagne, de détacher quelques provinces du royaume que l’on venait secourir : on entrainait de malheureux Français à la dépouille de leur patrie et l’on transformait ainsi en un véritable crime, ce dévouement généreux qui n’était chez eux, que l’élan du courage et de la vertu. "


On licencia l’armée des gentils-hommes émigrés, sans même pourvoir à sa subsistance pour un seul jour : tout ce que l’on présenta aux gentilshommes qui composaient l’infanterie se reduisit à un jour de paye de soldat, sept sous de Liège (4 pences.), que le grand nombre ne se soucia pas d’accepter. Ou n’offrit rien à la cavalerie, mais les princes laisserent aux gardes du corps du roy et aux leurs, les chevaux qu’ils leurs avaient fournis, ce qui quoique tres faible ressource, servit à les faire attendre quelques tems.


Enfin désabusé sur notre trop grande confiance, la larme à l’oeil et le coeur ulcéré, je quittai mes anciens camarades : laissant derriere moi les vains projets et le chimérique espoir qui nous avaient tous bèrcés au commencement de cette funeste campagne : éclairé sur les maux, dont nous avions été (bien involontairement) les instrumens : je regardai dès lors, la querelle des puissances avec la France, comme étrangere