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au bas de laquelle on le fit prisonier, avec une jambe cassée.

Bientôt nous arrivames sur le térritoire du prince de Liège, où l’on nous fit entendre que nous pourrions bien passer l’hiver aux dépens de son altesse celcissime, que le roy de Prusse disait lui devoir douze millions de livres tournois, (500,000 l. Sterling), pour l’avoir replacé sùr son trône, quelques années avant, et avoir appaisé les troubles de son pays avec sa troupes, en dédomagement de quoi, il nous mettait à sa charge pour l’hiver. Je ne sais pas s’il y avait là rien de bien réel, mais il est sûr que les états et le prince consentirent à nous cantonner dans les petites villes et les villages, à nous donner une livre de pain de munition, une demie livre de viande par jour, et le fourage à nos chevaux. En attendant que les cantonnement fussent formés, on nous logea comme on put dans de misérables villages, dont les habitant cependant ne nous traitaient point mal, et partageaient avec nous le peu qu’ils possédaient.

Après quelques jours de repos, me trouvant si près d’une grande ville, je me sentis un désir violent de savoir ce qui se passait au monde ; depuis plus de cinq mois, je l’ignorais aussi entièrement, que si j’eusse passé ce temps à dormir, et mon éxistence n’avait pas été très différente de celle d’un arbre dan» une forêt, qui reçoit toutes les impulsions que le vent donne à ses voisins et à lui même, sans savoir d’où il vient. Un jour donc, je me rendit à Liège * où je fus


Plusieurs maquignons vinrent éxaminer mon cheval, qui était réélement