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armée delabrée, les villages étaient entierement dépouillés de tout, ou plutôt les paysans cachaient leur vivres, dans la crainte de manquer eux mêmes, où de n’être pas payés. La plus grande partie de ces montagnes, ressemble assez à la Champagne Pouilleuse quoique un peu mieux cultivées, ce qui provient peutêtre, de ce que le pays aux environs n’a pu si bon. Enfin gagnant Marche, la capitale de Famine, nous fumes étonnés de retrouver quelques égards : c’étaient des Autrichiens qui y étaient en garnison, et cela fut la seule fois depuis la retraite, que nous ayions été traités eut bien que leurs soldats : notre nourriture était grossière, mais elle était suffifante, et nos chevaux eurent du foin, dont ils s’étaiens passés depuis long temps.

Me promenant dans le village, je liai conversation avec un hussard Autrichien, qui parlait franchement et ouvertement de cette funeste campagne ; dans un moment d’enthousasme, me rapellant la plaine de Champagne, ou l’armée des émigrés avait paradée inutilement pendant huit à dix heures ; oh, camarade ! me dit-il (en me frappant rudement sùr l’épaule) si on avait voulu, comme nous les aurions frottés.

Nous n’étions là, qu’à quelques lieues de Givet, dont la garnison fit une éxcursion ce jour là même, assez près de notre village ; on envoya des Hussards après eux, et l’un d’eux ardent à la poursuite d’un Carmagrol, le suivit dans une maison sur son petit cheval, monta les éscaliers au galop, entra après lui dans une chambre, et l’y aurait atteint, si le pauvre diable effrayé ne s’était jette par la fenetre,