Le manifeste du Duc de Brunswick déplut à un grand nombre, non pas tant par sa hauteur et ses menaces, que par cette affectation, de ne pas dire un mot des princes, ni de la noblesse émigrée. On osait se dire, que le Duc de Brunswick n’avait pas le droit d’imposer des lois à la France ; que si ce droit devait appartenir à quelqu’un, c’était aux princes et à la noblesse, qui en étaient sortis dans l’intention de soutenir la cause du roy, de le tirer de captivité et de le venger s’il était nécéssaire.
Quelques personnes, prévoyant les funestes conséquences qui pourraient survenir de notre jonction avec les Prussiens, ne voyaient qu’avec répugnance, l’instant d’entrer en France avec eux. Cependant comme l’enthousiasme général était éxtrême, et que c’eut même été en quelque façon, une espéce de crime de douter du succès, cela passa encore ; on répandit des explications, telles qu’on les jugea propres : on fit entendre que c’était du consentement des prince, qu’ils avaient été omis, et on attendit avec impatience l’ordre de marcher. Les menaces violentes dont ce manifeste était rempli n’inquiétaient personne, parce qu’on sentait bien qu’elles ne seraient pas mises à éxécution, on pensait seulement qu’il eut mieux valu, que le Duc fit ce qu’il disait, que de dire ce qu’il ne voulait pas faire. Dans le fait ces menaces, qui n’en ont point imposé aux chefs du nouveau gouvernement en France, leur ont servi de prétéxte pour enflammer l’ésprit du peuple, et le porter à se défendre. Si au contraire, on eut tenu un langage moderé et que suivant le besoin, on eut fait quelques actes nécéssaires de sévérité ;