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et la joye universelle furent poussées jusqu’à l’enthousiasme, or s’embrassoit, on se félicitait ; jamais je crois, une telle scêne de la vivacité Française ne s’était fait voir. Les habitans eux mêmes, quoique tres froids, s’y laisserent entrainer et firent autant de folie que si c’eut été leurs affaires propres.

Ce jour et celui, où dans les plaines de la Champagne nous nous attendions à une bataille, sont les deux seuls où l’émigration de la noblesse Française, a paru dans le jour qui l’avait engagée à sortir du royaume !.... mais hélas, la joye fut courte. On fit savoir aux gentils-hommes, de se tenir tranquilles et de se retirer ; qu’aussitôt que le roy serait arrivé à Coblence, on tirerait douze coups de canons de la forteresse, afin d’en instruire tout le monde ; il n’est pas nécéssaire de dire, qu’un grand nombre les attendirent en vain toute la nuit.

Il parait que cette fausse nouvelle, n’avait été répandu parmi les émigrés, qu’afin de savoir si le roy n’avait pas en effet le projet de s’echapper, et avoir un prétexte d’augmenter sa garde, pour l’en empêcher.

Ce plan, fut conduit avec assez de ruse ; les princes reçurent avis, que sa majésté se disposait à les joindre et quelques jours après, la nouvelle positive de son arrivée à Bruxelles. Le premier moment de joye, ne permit pas d’attendre à la confirmation, pour publier la nouvelle et l'enthousiasme qui s'en suivit, était l’effet de l'ardeur des Français, quand il était question de leur roy.

Mais quelle fut la douleur lorsque le lendemain, Monsieur