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Je fus jusques au milieu de la riviere sur le pont-levis, qui sépare les deux états et je revins sur mes pas.

Les corps d’émigrés étaient déja formés à Worms ; huit gentils-hommes, montaient la garde chez le prince de Condé, et mangeaient à sa table, et comme toutes les differentes compagnies avaient cet honneur a leur tour, le prince connaissait individuellement tous les gentils-hommes de son armée et leur inspirait cet attachement, et ce respect pour sa personne qui lui fait tant d’honneur. De là je fus à Coblence, où je fus présenté aux princes avec plusieurs de mes camarades, et comme ayant été page de Monsieur, je fus placé dans ses gardes.

C’en à peu près de cette époque, que l’émigration a réellement commencé à être générale ; quelque puisse être


Malheureusement, Charette et Stoflet, furent oblige, de se mettre en Campagne avant le tems et quand Mr. de la Ferroniere et quelque autres gentils-hommes débarquerent, sur les côtes de Bretagne, le pays était plein de troupes républicaines ; ils auraient pu se rembarquer s’ils avaient voulu, mais ne déséspérant de rien, ils résolurent de se rendre au poste qui étais marque à chacun d’eux et s’avancerent dans le pays, jusqu’à un petit village, où ils s’arrêterent. Pendant La nuit, les paysans les avertirent que l’armée républicaine avançait ; ils se jetterent dans les champs et se tinrent cachés quelques temps ; mais appercevant 50 soldats qui venaient de leur côté, quoi qu’il ne fussent que quinze, ils résolurent de les attaquer: ils en tuerent plusieurs et mirent le reste en fuite ; le feu attira le gros de l’armée républicaine et ils furent bientôt entourés : la plupart furent pris et fusillés le jour d’après. Quelques autres combattirent jusqu’à la mort, de ce nombre fut la Ferroniere, qui à ce qu’on dit, tua huit où neuf de ses ennemis avant de succomber.

Je ne saurais mieux finir, qu’en ajoutant, que de ces douze gentils-hommes bretons, qui furent mis à la Bastille par ordre de la cour, pour avoir fait des remontrances, contre des mesures qui tendaient égallement à renverser les priviléges de la province et les principes de la monarchie Française. il n’en reste plus que trois ; tous les autres out péri au service du roy.

La tentative dont j’ai parlé dans cette note, est la derniere qui se soit faite, pour donner du secours aux royalistes.