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soldats, ici c’était les soldats, qui corrompaient la habitans. Ceux qui étaient zélés partisans de la révolution cependant, se contentaient de porter l’uniforme et la cocarde nationalle, et laissaient les autres faire comme ils voulaient.

Ils jouissaient avant la révolution, des plus grands priviléges et d’exemptions considérables : ils étaient êxempts de tirer à la milice, jouissaient du port d’armes et du droit de chasse dans leurs montagnes, le gouvernement n’avait pas de plus sùrs défenseurs contre leurs voisins les Piémontais, qu’ils détestaient cordialement, et qu’ils accusaient de vice, dont les autres ne les tenaient pas quitte.

Il est singulier que les habitans, des deux côtés de la même montagne, ayent presque dans tout pays une aversion singuliere les uns pour les autres, quoique soumis au même gouvernement. Qu’on demande aux paysans, d’un côté du mont Cenis, ce que font ceux de l’autre, aux Auvergnats ce qu’ils pensent dee Languedociens, aux Français des Espagnols, aux Italiens des Suisses où Tiroliens, et dans la Grande Bretagne si l'on croyent ceux qui font d’un côté des Cheviots, on craindrait, de voyager chez les autres.

Lors qu’un des méssagers, que l’assemblée avait envoyé à tous les points des frontieres, vint annoncer le départ du roy, l'indécision des soldats, à cette apparence de résolution de sa part, était telle, que je ne fais point de doute, que s’il eut reussi à s’echapper, toutes les troupes auraient été à lui. Au fait disaient quelques uns d’eux, qui même avaient montré des dispositions démocratiques avec tout ce