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Séparé pour ainsi dire du monde entier, le paysan de cette partie n’était cependant pas très ignorant, on n’y voyait point de pauvres ; les manieres du peuple étaient fort simples, il était tres religieux et avec raison tres attaché au gouvernement, dont il ne connaissait le nom, que par la protection qu’il en recevait.

La noblesse vivait beaucoup sur ses terres, et en hyver la petite ville de Luçon, était l’endroit où elle se rassembllait. Un etranger, eut vraiment été surpris, de trouver dans ce coin de terre, des fortunes assez considérables, des gens respectables par les services qu’ils avaient rendus à l’état et leur richésses, beaucoup d’agrément dans la société, et le ton le plus aimable et le plus simple.

Le pays était coupé comme je l’ai dit de fossés, ou canaux tres profonds, à peine y avait il dans les marais, un chemin pour les voitures et en hyver, il était presque impossible d’y aller même à cheval, tant la glaise était molle et fangeuse ; le paysan ne sortait jamais de chez lui, sans une longue perche de plus de vingt pieds, qui lui servait à sauter les canaux avec une légereté incroyable ; dans quelques endroits, il y avait une niole, espéce de petit bateau dans le quel deux personnes ne pouvaient se tenir, qu’en gardant bien leur équilibre ; une corde traversait le fossé et en la poussant légerement, elle arrivait à l’autre bord, avec une vitesse singuliere.

Une des causes de cette guerre, est certainement l'aisance et la protection que la monarchie donnait aux habitans, et celle de sa prolongation, a été la nature du pays ainsi coupé