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LA JOURNÉE DES POIGNARDS, — DÉTAILS SUR LA VENDÉE.


Retournant ensuite vèrs la France, j’appris, à mon premier pas dans le royaume, le résultat de cette journée dans le mois de Fevrier 1791, à laquelle on a donné le nom de la journée des poignards. C’était un projet tres hardi et dont l’éxécution aurait pu être la cause de grands changement. On fit savoir secrétement dans les provinces, aux gentils-hommes que l’on connaissait déterminés, qu’on méditait un coup, hardi qui pourrait remettre le roy sur le thrône. On


pas parlé de lui ici, (n’ayant pas grand rapport à la révolution) si je ne voulais faire connaitre une galanterie, assez originale, qu’on lui fit le jeudy gras.

C’est l’usage dans cette ville, ce jour là, de faire sortir un homme de la mer et de le faire monter à califourchon au haut de la tour de St. Marc, sur un cheval attaché à une corde ; ii déscend en suite du coté du palais, dans la forme d’un ange, attaché par le pied et la main, et présente un bouquet, au Doge qui est à son balcon, entouré des principaux officiers de l’état, dans leur grande robe de cérémonie : l’homme s’en retourne ensuite, dans la mer, par le même chemin qu’il est venu.

Cette réjouissance se fait en commémoration, d’une certaine grande victoire, remportée sur le partriarche d’Aquilée, que l’on prit avec tout son chapitre et que l’on relacha à condition qu’il donnerait deux taureaux pour sa rançon et celle de son doyen et douze cochons pour les chanoines de son chapitre.

Lorsque le pauvre diable, métamorphosé en ange pour un sequin, (à peuprès une demie guinée) a fait son apparition, il est d’usage de décapiter les deux taureaux d’un seul coup, (les douze cochons subissaient aussi le même sort autrefois, mais c’est supprimé) ce qui se fait avec toute la force et l’agilité, que cette petite opération peut demander.

Le Comte d’Artois étant placé dans un endroit, d’où l’on craignait qu’il n’eut pu vu toute la fête, ou eut l’attention, d’amener un troisieme taureau, et de lui couper le cou sous sa fenêtre.