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Le Dauphiné était la proie des flammes, il semblait que les Huns eussent recommencés leur ravage ; aucun endroit n’était sùr, pour celui qui avait le malheur d’être né noble : l’on parlait continuellement d’égalité, cette égalité était celle de la mort, qui rend tous les hommes égaux.

La faiblesse du gouvernement, avait opéré la défection des soldats : on les montrait quelques fois sur les places publiques, mais le peuple savait à n’en pouvoir douter, qu’il y avait ordre de le ménager et j’ose le dire de ne se pas déffendre. Les troupes à Mets, passerent trois où quatre jours et autant de nuits sur la place publique, accablées de pierre et de boue ; le Marquis de Bouillé, qui commandait alors, n’osa prendre sur lui de donner des ordres, que le quatrieme *, et des qu’il fut connu dans la ville, qu’il les avait données la populace se dispersa. Les troupes résisterent cependant, longtemps à la corruption, et ce ne fut que graduellement qu’elle s’opéra et lorsque certains de leur chef, leurs eurent donné l’éxemple.


Quelques femmes ivres, arrêterent le Marquis de Bouillé, un de ces jours au milieu de la rue, et lui crierent comme à Paris, du pain, da pain : il tira un écu de six francs de sa poche, et leur dit d’en aller acheter : oui, dit une des furies, cela servira à acheter une corde pour te pendre.


Les officiers alors, n’eurent pas de plus grands énnemis que leur propres soldats, il est plusieurs fois arrivé, qu’ils en ont été renvoyés, où même massacrés. Dans une telle extrémité, il eut semblé naturel à toute la noblesse de France, de se rassembler et de défendre courageusement sa