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Après cinq heures d’une marche aussi fatigante qu’on en fit jamais, j’arrivai à la descente réelle en Norvège. Du côté de la Suède, on arrive graduellement à cette hauteur, mais de celui de la Norvège, elle vient tout-à-coup. Les passages les plus difficiles des Alpes ne sont rien en comparaison de ceux-ci. Qu’on se figure des espèces d’escaliers de roche, dont chaque degré peut avoir deux ou trois pieds de haut, et un précipice si profond à côté, qu’à peine peut-on voir le torrent que l’on entend rouler avec fracas. Le cheval, avec une dextérité particulière, avançait ses deux pieds de devant sur le bord de la pierre et glissait en bas ; il faisait ensuite un petit saut en avant avec les jambes de devant et rapprochait sa croupe. Pendant cette opération, le pauvre promeneur éclopé, était perché sur son dos dans une situation fort peu agréable, et faisant des réflexions qui l’étaient encore moins.

Au pied de la montagne, je me trouvai sur le bord du torrent fougueux que j’avais entendu rugir de son sommet. Le courant en était plus calme ; il y avait un radeau placé sur le bord pour faire passer à l’autre rive les bestiaux qui viennent de la montagne ; nous montames dessus et nous eumes bientôt traversé la rivière. Dès-lors le pays paraît assez habité et est meilleur