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Nous débarquâmes encore dans un endroit où l’on avait brûlé du bois l’année d’avant ; la quantité de fraises dont la terre était couverte, ne peut en vérité être comparée qu’à une plate bande dans un jardin. Il faisait un temps superbe, et la beauté du coup-d’œil sur cette grande pièce d’eau, entourée de toutes parts de hautes montagnes, au pied desquelles je pouvais distinguer quelques habitations assez florissantes, était bien faite pour corriger l’idée qu’on se fait communément de ces pays.

Nous passâmes devant l’habitation d’un ny-bygare (nouvel habitant), qui a nommé sa maison Hambourg, et nous arrivâmes enfin à Sunet, chez un autre ny-bygare, établi depuis une trentaine d’années dans ces pays déserts. Il avait une famille nombreuse, des bestiaux en bon état, une vingtaine de vaches, beaucoup de moutons et force chèvres ; les uns le nourrissaient de leur lait et de leur chair et les autres le couvraient de leur laine. Il avait aussi quelque peu d'avoine qu’il était obligé de couper verte. Les lacs qui l’entourent lui fournissent de bonnes truites, dont il nous régala de bonne grâce. Il bâtissait alors une nouvelle maison en pierre, l’ancienne étant devenue trop petite pour sa famille ; ce petit inconvénient nous obligea d’aller coucher à la grange,