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couverte de fruits rouges ; c’était le 10 septembre, après l’été. Le printemps ne commence vraiment à paraître qu’à cette époque dans ces pays ; l’hiver le suit de près. Ce printemps ne dure guères que quinze jours ou trois semaines. Les gelées des nuits font disparaître la verdure, et la neige couvre bientôt tout ; mais cela n’arrive guères avant le mois d’octobre. La bonne femme demanda un peu de sucre et parut enchantée de quelques petits morceaux que je lui donnai. Elle prétendit que c’était bon pour ses yeux éraillés et rouges par la fumée du koya ; elle avait soixante ans passés sans avoir l’air très-vieille.

Je ne crois pas devoir entrer dans de plus longs détails sur les Laponies, je n’ai fait que traverser çelle du Jämeteland On peut consulter le voyage de Regnard ; si on en excepte quelques histoires de sorcelleries (qui du moins n’ont plus lieu à-présent), aussi bien que quelques histoires sur la communauté des femmes assez peu raisonnables, son récit est assez exacte. Regnard se trompe, ou fait semblant de se tromper, en croyant avoir été au bout du pays, au lac de Torneô: il est éloigné de quatre degré plus au Nord.

La poste aux lettres est établie dans ces déserts depuis un an ou deux. Elle part à dos d’homme tous les quinze jours de Torneô pour Warde-hus, aux dépens du Dannemark. Entre ces deux points, il n’y a guères moins de deux cents lieues de poste à parcourir, dans le pays le plus sauvage et presque tout-à-fait désert.