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bonne femme parlait et lisait fort bien le suédois. Elle nous conta son histoire, et se plaignit beaucoup de l’avarice de certain riche Lapon, dont le fils était amoureux d'une de ses filles. Le père ne voulait pas consentir au mariage. Pour éviter plus d’esclandre, le jeune homme ayant la tête très-chaude, elle avait pris le parti de laisser son troupeau de rennes à la garde de son fils, et de quitter les montagnes dans la crainte qu’il ne lui prit la fantaisie d’enlever sa maîtresse.

La bonne femme nous dit aussi qu’elle avait bien bâti trente à quarante koyas, et qu'elle allait de l’un à l’autre, suivant que l’humeur lui en prenait ; elle n’avait, il est vrai, qu’à transporter quelques ustensiles de cuisine, et ses vêtemens ; un ou deux rennes suffisaient pour cela, parce que la famille se chargeait d’une partie du bagage. Étant ainsi rapprochée des habitations, la famille allait quêter des provisions dans le voisinage ; son koya était réellement bien fourni.

Après avoir montré avec complaisance toutes les chaînes d’argent, les instrumens, les habits, et tout ce qui est propre aux Lapons, la bonne femme sortit, comme pour chercher quelque autre chose et revint bientôt avec des fraises et des framboises en quantité ; elle les avait ramassées autour de sa butte. La terre était en effet