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toute verte, dans la crainte de la gelée. Le grain ne peut guères servir qu’à faire de l’eau-de-vie. Il y a des ours dans ces montagnes, qui dévorent les bestiaux pendant l'été ; aussitôt que l’hiver vient, ils se logent dans des trous et n’en sortent plus, à moins que les chasseurs ne les y forcent. On prétend qu’ils se nourrissent en se suçant les pattes ; il est sûr que lorsqu’ils sortent de leurs tanières, ils peuvent à peine se soutenir, quoiqu’ils soient d'ailleurs assez gras. On prépare les cuisses comme des jambons ; c’est un morceau très-délicat.

L’Evêque Pontoppidan prétend que les ours sont très-friands du fœtus des femmes grosses. Il rapporte plusieurs histoires fort étranges à ce sujet, et en prend occasion de recommander la chasteté aux jeunes filles qu’on envoie pendant l'été garder les bestiaux dans les montagnes. Les gens sensés rient de cette histoire ; mais il est certain que c’est un préjugé généralement reçu parmi les habitans de ces montagnes, et sur-tout parmi ceux du diocèse de l’évêque Pontoppidan (Bergen).

Pendant que dans ma chambre je me désolais de pouvoir à peine faire usage de mes jambes, dans un pays où je devais souvent en avoir grand besoin ; je vis dans un cadre sur la muraille ces paroles de Sénèque : Optimum est pati