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l'avoine) mûrisse assez pour qu’on puisse en faire du pain, et encore plus pour pouvoir le semer. Ce n’est guères que l’eau de vie qu’on en tire, qui engage les habitans à la cultiver. Quand les étés sont chauds cependant, ou fait des récoltes abondantes de seigle. Il arrive alors que l’on exporte du grain de cette province, pour nourrir les autres.

Le bon prêtre Behn ne voulut pas me laisser partir seul et me conduisit chez un confrère à Sunne. Toujours suivant mon usage, je fus voir l’église : celle-ci est ancienne, et le tableau qui est sur l’autel fait connaître le goût du siècle, dans lequel elle fut bâtie. D’un côté, on voit le pape et les cardinaux : ces derniers ont chacun un grand diable à queue et à griffe à l’oreille, et le pape en a deux. De l’autre côté sont les docteurs noirs du luthéranisme, qui ont l’air au moins aussi farouches, que le grand diable lui-même. Les frukost (déjeuners) dans ce Pays, sont quelque chose de terrible ; on fait bien quatre repas avant le dîner, avec de la viande et de l’eau de vie, outre le thé, le café etc. Pour ne pas désobliger ses hôtes, il faut manger absolument. En poursuivant ma route, je passai près d'une maison, ou demeuraient quelques officiers