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Nous nous arrêtâmes dans le chemin, pour voir prendre les saumons à une des cascades : l’opération consiste à lever avec des poulies, de grands paniers, qu’on a placés dans les seuls endroits par où le saumon peut remonter le courant. La quantité qui s’y trouve prise, à chaque fois, est vraiment étonnante, mais c’est un spectacle cruel et une vraie boucherie. Un homme entre dans le panier, armé d’une petite massue et frappe à droit et à gauche jusqu’à ce que tout soit mort.

Graninge est une forge considérable, au milieu des bois les plus sauvages. Il y a sept marteaux, toujours employés, et à-peu-près quatre-vingts ouvriers, qui forment avec leurs femmes et leurs enfans un village de quatre cents habitans. M. Classon, à qui elle appartient, est beau-frère de Mr. de Nordenfalk ; je retrouvai dans son aimable famille les attentions de Holm.

À travers les bois, il y a un espace où il n’y a pas d’arbre, quoique les racines y soient encore ; ce fut par là qu’il me fallut passer dans une lourde cariole pour gagner la rivière Lindhal et la province de Jämeteland. La meilleure manière de voyager dans ces bois est sans contredit à cheval ; mais mon genou estropié ne me le permettait pas. Le fils de M. Classon ne voulut