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Il semblerait que lorsque le froment peut venir dans un pays, les fruits le pourraient aussi ; mais les vieux préjugés des habitans, empêchent de les cultiver, « les arbres à fruit ne peuvent point venir, dit-on, on l’a essayé. » Je le crois sans peine, de la manière dont on l’a fait. Par la même raison les légumes sont aussi fort rares ; en général les peuples du Nord ont eu long-temps des préjugés ridicules contre eux. C’est sans doute par cette raison que Christian IV établit une colonie hollandaise dans l’île de Hamak, près Copenhague. On m’a rapporté, qu’un paysan de ces provinces, étant un jour introduit chez le gouverneur, à l’heure du diner, le regarda d’abord avec surprise manger des épinards, puis sortit bientôt sans dire un mot de son affaire. Ses amis lui ayant demandé, pourquoi il ne s’était pas expliqué ? « Eh ! dit-il, que voulez-vous qu’on dise à un homme qui mange de l’herbe ? »

Cette multitude de petits fruits rouges, et surtout ces Ôkerbergs délicieux qui couvrent les campagnes, se perfectionneraient par la culture. Je suis même persuadé que la plante appelée Blôberg donnerait avec du soin une liqueur très-semblable au vin. Pour m’occuper pendant le long séjour que j’ai été obligé de faire à Holm, je me suis amusé à en extraire le jus, et assuré-