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font vivre cette quantité incroyable de gibier, dont ils savent aussi très-bien tirer parti. Dès le mois de juillet, on sème le froment et le seigle dans l’Ôngermanland. Comme la gelée commence à paraître vers la fin d’août, la proportion est à-peu-près la même qu’en France, à la fin d’octobre. La coupe des foins se fait vers le commencement d’août et la récolte immédiatement après. Les pluies continuelles de cette année (1799) avaient retardé la fenaison : on craignait que les foins ne fussent gâtés. Aussitôt que le soleil paraissait, on voyait des paysans accourir de toutes parts, et chacun s’empresser au travail.

Sur près de quatre-vingts travailleurs (hommes ou femmes), que j’ai souvent vus rassemblés pour faire les foins, je puis assurer avoir, plus d’une fois, fait la remarque, qu’il n’y avait ni chemise ni habits sales et déchirés. Dans les commencemens, je me faisais traîner ; peu-à-peu j’en vins à pouvoir me rendre avec des béquilles, à l’endroit où l’on travaillait. J’admirais l'activité et la bonté de l’excellent vieillard, qui avait bien voulu m’accueillir dans mon infortune. M. de Nordenfalk suivait, depuis plus de 40 ans le même train de vie. Sans cesse occupé des travaux de la ferme ou de la forge, il bonifiait ou défrichait